Docteur Popaul, 1972
Docteur Popaul
Claude Chabrol
Peut-être, le plus grand film de Chabrol et Gegauff avec Jean Yanne, à une nuance près, c’est Jean-Paul Belmondo qui prend le rôle (Yanne s’autodétruisant chez Pialat en cette année 1972).
Le titre ressemble à celui d’un nanar des années 50 et c’est parfait comme cela.
Bien avant « Le dîner de cons », Popaul lance pour défi à ses potes de coucher avec la fille la plus laide possible. Comme il porte bien son nom, il gagne. Cette victoire lui permettra d’entrer dans une spirale digne de « Vertigo ».
« Docteur Popaul » est un film bizarre. Ses changements de ton ravissent, impossible de prévoir où nous emmèneront ses virages étourdissants. Claude Chabrol n’a jamais caché sa faiblesse pour les navets, les formes les plus impures mais se fait en même temps exégète des plus grands artistes du 7e art . Belmondo sait, comme personne, incarner les héros mais aussi les guignolos. Paul Gégauff se présentait comme un provocateur sans finesse mais aura un destin d’artiste maudit.
Les 3 hommes apportent leurs contradictions, leurs influences et leur inconscient, soit un mariage de raison entre la nouvelle vague et la qualité française à moins que ce ne soit les amours adultères du classicisme hollywoodien et de la modernité européenne.
Soit donc Bébel chez Kafka, les aventures de Michel Poicard dessinées par Hergé, le morfalou contre la biche… Soit enfin « Docteur Popaul », meilleur film de Godard avec Michel Simon, écrit par Michel Audiard…
(voir aussi Que la bête meure, 1969 et Le boucher, 1970)