Octobre, 1928
Oktjabr
Sergueï Mikhailovich Eisenstein
L’empire russe, au début de l’année 1917. La bourgeoisie, l’armée et l’Eglise se réjouissent de l’instauration d’un gouvernement provisoire qui, par solidarité avec les Alliés, décide de continuer la guerre contre l’Allemagne. Le peuple, quant à lui, a faim et commence à le faire savoir. Bientôt ouvriers, soldats et marins se réunissent.
Les vitres des beaux quartiers de Leningrad n’ont pas résisté aux canons du général Eisenstein, et pourtant, le parti n’a pas vraiment goûtés ses visions grandioses.
C’est le destin des génies en temps de guerre : offrir le cinéma de propagande le plus génial mais rester incompris de ceux à qui il est destiné.
Ce cinéma est désormais intégré dans les manuels scolaires, pointe dans les galeries d’art et a rejoint l’abécédaire de tout publicitaire ambitieux.
Drôle de destin.
Je dois avouer que c’est un peu sur ce dernier mode que j’ai découvert l’oeuvre : un clip dément, une performance de fureur et de visions.
Eisenstein travaillait pour la postérité, ses films semblent avoir été pensé pour être déconstruits, décortiqués plans par plans.
On découvrira alors une réflexion en mouvement, celle d’un philosophe de son temps, exalté par ses utopies et, en même temps terrifié par leurs conséquences, une analyse de l’Histoire (Napoléon détourné) qui construit l’Histoire.
Le paradoxe réjouissant est que cette vision intellectuelle de son art ne fait que décupler la fureur de ses visions.