Petit paysan, 2017

Hubert Charuel


Le petit paysan du titre porte des bottes en caoutchouc et les plante dans un territoire bien français : celui d’une exploitation laitière tenue à bout de bras par Pierre, dernier héritier d’une tradition et dernier héros lorsque une étrange maladie se met à décimer les troupeaux de la région.
Il faut toujours se rappeler que cowboy se traduit par garçon-vacher.
Hubert Charuel manie aussi bien les 2 appellations : lui-même enfant des fermes, il s’engage dans le sillage d’un John Ford pour son premier long métrage.
Swann Arlaud se fait le vecteur idéal d’un tel cheminement. Charmant garçon, bon pote un peu timide, il lui suffit d’une torsion des lèvres, d’un mutisme appuyé, d’un ralentissement de son corps sec pour se dévoiler en psychopathe illuminé.
Il se transforme alors tantôt en outlaw de countrysong, avec fusil à pompe et chemise à carreaux, tantôt en joueur de flûte de Hamelin guidant une masse de bovidés qui menace sans cesse de l’engloutir jusqu’à former une tapisserie psychédélique de tâches brunes et blanches.
Cette part de western hallucinatoire culmine dans une séquence de crémation d’une vache malade en plein champs. « Petit paysan » s’envole dans un chamanisme de science fiction, lequel se renforce par les apparitions tragicomiques de Bouli Lanners en youtubeur dépressif ainsi que par le spectre de la maladie dont les apparitions de vétérinaires exterminateurs constituent l’aspect le plus directement horrifique.
Charuel nous montre une France qui va mal, celle des faits divers, lorsque les JT évoquent un suicide, loin dans la campagne.
Le jeune cinéaste a l’élégance de proposer à cette France une part de rêve et de mythologie, celles qui font le grand cinéma.

~ par 50 ans de cinéma sur 13 août 2018.

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