Suite armoricaine, 2016
Pascale Breton
A ceux qui ont aimé un certain cinéma d’auteur dans les années 90, cette (belle) suite pourrait apporter quelques frissons.
Valérie Dréville y interprète une professeur d’histoire de l’art, de retour à Rennes après plusieurs années d’absence. Elle y rencontre un étudiant torturé, lequel retrouve sa mère devenue SDF. Cette mère est jouée par Elina Lowensohn.
Les 2 actrices se croisent assez peu à l’écran mais chacune dessine sa propre suite, que l’on pourrait également appeler fuite, pour coller à la mise en scène toute en fugue (au sens musical) de Pascale Breton.
« Suite armoricaine » prend son titre au sérieux, explorant un territoire précis, en révélant les beautés et survolant ses mystères (on ne serait pas surpris de découvrir un korrigan, ou autre créature de la mythologie celtique, au détour d’un plan).
Les voies et les voix se mélangent en une partition minutieuse : Dréville, actrice de théâtre (passée chez Antoine Vitez, Claude Regy, Daniel Mesguich) propose une variation en écho de son rôle dans « La sentinelle » d’Arnaud Desplechin. A son personnage de 1991, Chanteuse lyrique mutine qui proposait un sensuel duo de miaulements avec Marianne Denicourt, répond une figure secrète mais à l’intellectualité érotique tout à fait comparable.
Pour Lowensohn, il s’agit plus de poursuivre son évolution de carrière récente. La poupée de porcelaine découverte dans les premiers films de Hal Hartley, délicate icône indie newyorkaise, est devenue la muse de pratiquement tout ce qui peut se targuer de différent dans le cinéma français des années 2000.
Un film doux et mystérieux les aura réunies pour confirmer que dans leur maturité, elles sont plus belles que jamais.