Ultra pulpe, 2018

Bertrand Mandico


Bruno Podalydes avait déclaré à propos du second film de Quentin Tarantino : trop d’émail, pas assez de pulpe.
Un reproche que l’on ne saurait renvoyer à cette courte fiction de Bertrand Mandico.
Elina Löwensohn y incarne Joy d’Amato, cinéaste jusqu’au boutiste dont les tournages sont probablement plus beaux que les films.
Au premier abord, un tel patronyme frôle le carton rouge, mais il faudrait, pour cela, nier nos propres rougeurs face aux souvenirs honteux que font surgir ce prénom et ce nom.
Rapidement, les faux airs de remake intello de « Flesh Gordon » révèlent un voyage aux confins de la cinéphilie, celle où se rencontrent la série Z et la poésie.
Encore?
Certes, le territoire n’est plus tout à fait vierge (ce qui serait un comble) mais Mandico transforme le parcours en jeu de piste où l’adulte que nous sommes poursuit l’enfant puis l’adolescent qu’il était, dans un tourbillon à la fois trouble et jouissif.
Il n’est, ainsi, pas interdit de prendre « Ultrapulpe » au sérieux lorsque Vimala Pons conclue son apparition de starlette sexy en une confession chuchotée sur ses premiers émois érotiques survenus en épiant son père regardant une VHS X…
« Ultra pulpe » carbure à la drogue cinéma, nous sommant d’y succomber comme une créature voluptueuse qui nous promettrait la satisfaction de toutes nos pulsions, comme Nathalie Richard en dominatrice fassbinderienne laissant imaginer les plus délicieuses souffrances à un sosie d’Alain Pacadis.
C’est donc un peu porno, un peu scato, un peu Palace, un peu Corman, franchement drôle mais infusé dans la mélancolie propre au spectacle du fantasme.
Dans son métrage de carton pâte, Bertrand Mandico, clochard érudit, ramasse ce qui se présente et rassemble ses souvenirs pour convier les solitaires à une orgie faite de zombies et de plumes dans le cul.

~ par 50 ans de cinéma sur 30 août 2018.

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