Sayônara, 2017

Kôji Fukada


Dans un avenir proche, le Japon est victime d’attaques terroristes sur ses centrales nucléaires. Irradié, le pays est peu à peu évacué vers les états voisins. Tania, atteinte d’une longue maladie et originaire d’Afrique du Sud, attend son ordre d’évacuation dans une petite maison perdue dans les montagnes. Elle est veillée par Leona, son androïde de première génération que lui a offert son père.

« Sayônara » débute là où se terminait le « Kairo » de Kiyoshi Kurosawa, c’est à dire après les fumées noires de l’Apocalypse, et transforme son effroi en douceur inquiète.
Sur le papier, le film de Kôji Fukada pouvait prendre l’allure d’une fausse bonne idée : celle du premier film avec un acteur (une actrice) artificielle.
A l’heure du tout numérique, le cinéaste incorpore un authentique robot à son récit.
Il lui faudra de la patience, la même qu’il exige du spectateur, pour sublimer son concept, mais en fin de projection, nous aurons assisté à quelque chose de tout simplement extraordinaire.
Comme disait Arthur C Clark : la seule façon de découvrir les limites du possible, c’est de s’aventurer un peu au delà, dans l’impossible. C’est bien ce qui se passe à l’écran, Leona prenant littéralement vie au fur et à mesure des séquences, passant du statut de pièce du décor à celui de personnage central.
La réalisation a l’intelligence de miser sur le temps. Rien n’est brusqué, la créature de métal et de latex est un vieux modèle (belle idée de nous la présenter comme déjà quasi obsolète, comme Terminator), ses gestes sont lourds jusqu’à imposer qu’elle se déplace en fauteuil électrique.
La représentation de l’intelligence artificielle, souvent anxiogène, en figure supérieure mais, paradoxalement, fragile comme un nouveau né, crée une émotion jamais vue, un cyberpunk doux, celui d’une image nouvelle.
Alors que l’oeuvre se vide de ses personnages humains, l’émotion se déploie et l’on jurerait voir enfin à quoi rêvent les androïdes.
Arthur C Clark encore : Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie.

~ par 50 ans de cinéma sur 9 août 2018.

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