Les vampires, 1915
Louis Feuillade
J’ai eu la chance de voir l’intégrale des « Vampires » en salle, à l’occasion d’un festival.
Ce n’est pas rien.
Jusqu’ici, le serial de Feuillade incarnait pour moi une pièce de musée à laquelle je vouais reconnaissance pour avoir inspiré une grande partie du cinéma que j’aime, de Mario Bava à Batman.
Le (les?) film en lui même constituait une belle collection de vignettes graphiques (Musidora forever). Fallait-il le voir en entier pour autant ?
C’est chose faite, et fut alors confirmé que cette vision était indispensable.
Sensible à la légende de la fascination exercée sur les surréalistes, je m’étais contenté d’une série de photogrammes alors que l’oeuvre ne se déploie réellement qu’à l’épreuve de la durée.
Epreuve n’est pas un vain mot : l’intégrale des « Vampires » équivaut à 10 heures de projection. Pas grand chose par rapport à nos orgies de séries d’aujourd’hui, mais un exercice exigeant pour un film protéiforme où les acteurs disparaissent pour incarner un autre personnage, au gré de leurs engagements dans la grande guerre, alors en cours… Le scénario lui-même se grise de sa propre improvisation oubliant la cohérence de peur de ne pas pouvoir finir.
Du spectateur perdu, il faut encourager la persévérance car progressivement, l’hallucination le gagnera et il comprendra alors que les surréalistes avaient fantasmé Batman.