Scanners, 1981
Scanners
David Cronenberg
Comment reconnaître un grand cinéaste ?
Probablement à sa capacité à dévoiler beaucoup en montrant peu. « Scanners » est l’ultime test pour David Cronenberg, et un axe important dans sa filmographie.
Cinéaste du corps par excellence, il déplace son obsession vers cet organe si mystérieux : le cerveau humain. Bien sûr, il s’agit encore de matière, de moelle et de sang, comme l’atteste une séquence devenue célèbre. Pourtant, le réalisateur se confronte progressivement à l’invisible.
A travers un récit de série B idéalement dynamique, dont il a le secret (l’absence de complexe avec lequel il traite son matériau est assez jouissive), Cronenberg déploie un univers fascinant où l’horreur s’infiltre dans les regards de ses comédiens.
Comme dans toute série B, il est nécessaire d’accepter le postulat, de croire que 2 hommes qui se regardent en silence sont, en réalité, 2 télépathes en train de communiquer. Le cinéaste affine encore sa direction d’acteur (qui deviendra l’effet spécial le plus beau de ses films). Il peut s’appuyer, ici, sur Michael Ironside (héritier possible de Jack Nicholson) toile humaine torturée sur laquelle il projette ses obsessions.