La valse des pantins, 1983
The king of comedy
Martin Scorsese
Lors de la première vision, «La valses des pantins» méritait presque son titre français catastrophique. En effet, le 9ème film de Marty m’avait alors semblé n’être qu’une variation soft du chef d’oeuvre sang et cendre «Taxi driver». Comme beaucoup d’oeuvres scorsesiennes, je l’ai revu plusieurs fois. Parallèlement, pour paraphraser son auteur, j’ai voyagé à travers le cinéma américain.
Or, de «Un homme dans la foule» de Kazan à «Man on the Moon» de Forman, en passant par «Lenny» de Bob Fosse voir aux pitreries de Tina Fey et Alec Baldwin dans «30 rocks», chaque escale me ramenait aux aventures torves de Rupert Pupkin.
Quelque chose de faux se jouait entre ce film et moi, comme si je ne pouvais m’empêcher de lui reprocher son aisance easy listening en opposition à l’âpre noirceur des grandes heures du maître.
«La valse» est plaisante? Alors pourquoi ne pas y prendre du plaisir. C’est ainsi que sa parodie de la société du spectacle m’est apparue dans toute son acidité, et que m’est revenue toute mon admiration pour son interprète principal.
Durant la première partie de la carrière de Robert DeNiro, il était devenu lassant de louer son génie face à la multiplicité de classiques instantanés. Durant la seconde, il est devenu embarrassant de le rappeler devant la profusion de nanars…
Au diapason de son metteur en scène, De Niro joue divertimento, un personnage sans grandeur qui transcende les aspirations de tous ses semblables, les hommes dans la foule, les hommes sur la lune. Scorsese lui offre le show, mais le dernier plan magnifique retourne le piège : nous sommes devant un film sur les spectateurs.
Il est donc temps de reconnaitre que nous autres cinéphiles avons un oncle caché, un schmock à la fois matois et émouvant, dont le nom est trop souvent mal prononcé ou mal orthographié.