La source, 1960

Jungfrukällan

Ingmar Bergman

La source

Ce film, renié par Bergman lui-même, a une descendance des plus étranges. Le plus connu de ses rejetons dégénérés est « Last house on the left  » de Wes Craven. Un survival glauque et putassier qui reste dans les mémoires pour sa photo granuleuse, vraiment malaisante, et dans les cinémathèques pour avoir servi d’opportune métaphore du Viet Nam.
Le maître suédois avait-il supposé que son conte moyenâgeux contenait les germes d’un film d’exploitation complaisant. Il est autorisé d’imaginer qu’il s’est fait piéger par son inconscient. Car la carrière de Bergman n’est faite que de films d’horreur!
En visant la pureté, en imaginant que du sang versé peut jaillir une source, il obtient le contraire. Un jeune fille sublime se perd dans une forêt mythologique et rencontre le mal, celui du monde réel, sans majuscule ni grandeur. Un mendiant idiot la souillera avant de la tuer. Son père n’aura plus qu’à la venger en nettoyant d’un coup d’épée le monde de sa vermine.
Mais la forêt, désormais maléfique, enserre les hommes plus que jamais et cette source paraît bien plate face à la beauté disparue.
Bergman n’exalte pas la vengeance mais ne la dénonce pas non plus. Personne ne regrettera l’infâme. Le cinéaste laisse venir une grande tristesse, après la colère sombre. Dans le regard du père meurtri, on croirait lire cette phrase de « Sonate d’Automne » : ce n’était donc que ça, la vie…

~ par 50 ans de cinéma sur 17 août 2015.

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