Les mois d’avril sont meurtriers, 1987
Laurent Heynemann
En plus de ses qualités de cinéaste, Bertrand Tavernier a servi le cinéma de multiples manières. L’une des plus notable est son activité de critique et historien, donc de passeur.
Mais elle occulte quelque peu son rôle de producteur, à mon sens trop méconnu.
En 1987, il accompagne son ancien assistant Laurent Heynemann, dans l’adaptation d’un polar de Robin Cook. Il faut alors souligner la finesse de Heynemann, qui réussit une excellente série noire française alors que le projet ressemblait à du Tavernier pur jus.
Comme dans «Coup de torchon» il s’agit d’une réussite tricolore à partir d’un roman anglo saxon, comme dans «L’appât» le fait divers se transforme en conte moral, comme dans pas mal de films de Tavernier, les frères Sarde se partagent la musique et la production.
Néanmoins, «Les mois d’avril sont meurtriers» reste un objet unique.
Heynemann oublie la dénonciation politique du roman de Cook (pas la meilleure partie) et propose une dérive nocturne et morbide qui bénéficie de l’un des instruments les plus mélodieux du cinéma français : la voix de basson de Jean-Pierre Marielle.
Il serait injuste de minimiser les qualités de son sparring partner, le terrifiant Jean-Pierre Bisson, mais la mise en scène se construit à partir de la haute silhouette de Marielle.
Son hiératisme ironique, son souffle sombre et ses regards orageux composent une série noire à part entière!