Bled number one, 2005

Rabah Ameur-Zaïmeche

bled-number-one

Après les péripéties banlieusardes racontées dans «Wesh wesh, qu’est ce qui se passe?», Rabah Ameur-Zaïmech envoie son personnage/alter ego en Algérie.
Kamel est victime de la double peine et se trouve donc expulsé hors de France. Il découvre sur la terre de ses ancêtres un monde violent et complexe, où les hommes semblent revenir à un mode tribal, réunis par la religion ou les affaires.

Kamel est un corps étranger qui se fond dans la masse, un regard qui revient de loin et donc pressent les choses mais ne cesse pourtant de s’en étonner. Interprète du personnage, Ameur-Zaïmeche crée une entité flottante à la fois témoin et acteur des évènement qui lui permet d’adopter un ton d’une grande douceur tout en arpentant un univers de sécheresse et de brutalité.

Ce personnage découvre un territoire et une société.
Les 2 peuvent s’entendre sur le plan ethno sociologique mais surtout sur le plan cinématographique.
Aux journalistes qui évoquaient les conséquences de la colonisation, le cinéaste répliquait que le Maghreb mêlait violence et beauté bien avant l’arrivée des français. Et, en effet, la région de Loulouj, sur la côte, au Nord Est du pays, ressemble à une pampa de western.

Il faut dire que de l’Algérie, nous, spectateurs occidentaux, n’avions plus rien vu depuis longtemps à l’exception de postes de police criblés de balles et d’écoles vides dans nos postes de télé.
Une belle étrangeté émane de ces plans nonchalants sur des paysages sublimes qui semblent célébrer la victoire des éléments après la désertion des humains.
Mais, dans ce territoire, se débat une société, et même une micro société puisque Rabah Ameur-Zaïmeche se concentre sur ceux qui fuient la communauté (celui qui boit, celui qui joue) et le paient cher.

Son héros vaporeux qui prend parfois des allures de Monsieur Hulot solaires avec son bob rouge sur la tête, se rapproche de celles qui paient plus cher encore, les femmes.
Se dessine alors le portrait de Louisa, belle fille triste qui a déshonoré sa famille pour avoir fui un mari violent.
Il n’est jamais, ici, question de rédemption, de seconde chance, de revanche sur la vie. Malgré le soleil et le sable, «Bled number one» ne sera finalement pas un western.
Louisa chante et se console ainsi. Le film la quittera, presque sereine, chantant avec d’autres femmes dans un hôpital psychiatrique.

Bled number one miroir

~ par 50 ans de cinéma sur 14 mai 2015.

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