Trauma, 1993
Dario Argento
Il s’agit peut-être du film le plus mal aimé de son auteur. Donc l’un de mes favoris.
Depuis le début des années 80, Dario Argento est donné pour artistiquement mort. Commercialement, la situation ne vaut guère mieux : il peine à boucler ses budgets et la distribution de ses films se fait de plus en plus hasardeuse. Dans ce cas, pourquoi ne pas tenter l’aventure américaine?
Argento s’y fond comme un anonyme artisan de série B, embauchant quelques solides acteurs du genre (Frederic Forrest, Brad Dourif et l’impressionnante Piper Laurie) et offre le premier rôle à sa fille Asia. Le résultat ne mérite pas les quolibets qu’il a subis mais, il est vrai, ne paie pas de mine.
Le cinéma d’Argento a atteint des strates secrètes que peu de cinéastes ont frôlé. « Trauma » est donc un beau film intériorisé, un conte de fée peuplé de signes et de symboles. Il s’agit de sa production la plus psychanalytique, l’inconscient des personnages créant le hors champ fantasmagorique de cette monstrueuse histoire. La présence de la sauvage et gracieuse Asia en héroïne tourmentée n’y est, évidemment, pas pour rien.
En creux, Argento ajoute un niveau de lecture supplémentaire en imaginant une infinité de liens secrets avec son chef d’œuvre séminal, « Profondo rosso ».