Les griffes de la nuit, 1985
A nightmare on Elm Street
Wes Craven
Les franchises horrifiques marchent fort en ces années 80. Les épisodes de « Halloween » et « Vendredi 13 » s’enchaînent, drainant l’argent de poche des adolescents occidentaux. Etonnamment, Wes Craven n’était pas de la partie. Pilier du genre avec des bandes cultes comme « Last house on the left » ou « The hill have eyes », il se devait d’inventer son personnage récurent, son psychokiller rentable.
Craven se lance dans la course, grâce aux bons soins du studio NewLine, mais, par bonheur, il se paie le luxe d’une réflexion dont sont dépourvus ses concurrents. La première incursion du croquemitaine Freddy Krueger sur pellicule sera le nombre d’or de la carrière du cinéaste. Pour une fois, s’y équilibrent brillamment les préoccupations socio-psychologiques de cet authentique intellectuel avec le cahier des charges d’un film d’horreur populaire.
Le high concept de « A nightmare on Elm street » est, en soi, une adroite mise en abîme du rapport entre adolescence et violence. Le tueur ne peut intervenir que dans les rêves de ses victimes. Chaque scène devient alors double, réelle et rêvée, sans que le cinéaste tranche de façon évidente. Le film devient donc la longue traversée au-delà du miroir de l’inconscient.
Sa descendance (6 suites, un remake + un crossover avec « Vendredi 13 ») ne sera pas composée de chef d’oeuvres, mais revus aujourd’hui, les « Freddy » offrent une constatation d’espaces parallèles, eux-mêmes constitués de pics de mauvais goûts comme de pures inspirations graphiques.