L’inspecteur Harry, 1971

Dirty Harry

Don Siegel


Lui, c’est Harry Callahan, flic hard boiled, plus connu sous le surnom de Clint Eastwood qui combat un tueur en série, Scorpio dérivé du véritable Zodiac, dans les rues de San Francisco.
En présentant Dirty Harry au public de la cinémathèque, Jean-François Rauger était plus convaincant en évoquant la lutte entre les cercles et les lignes dans la mise en scène, qu’en rappelant les mauvais papiers de Pauline Kael dans le New-Yorker.
Présenter Eastwood comme un paria de la critique a fait long feu, alors qu’il est le cinéaste américain le plus adulé depuis 20 ans, régulièrement sélectionné à Cannes, multi récompensé aux oscars et souvent réjoui au box office.
De même, s’opposer à la critique 70’s me semble fallacieux. Certes, Eastwood aura eu le génie de prendre au sérieux cette critique et de se construire une filmographie à partir de la représentation de son propre vieillissement (le côté je ne suis pas dupe de mon personnage de héros) et de saillies progressistes (la face je suis républicain mais j’aime le jazz et les femmes sensibles) qui lui assureront l’affection indéfectible des journalistes de cinéma européens (lesquelles regardent systématiquement ailleurs lors des échéances électorales américaines) ainsi qu’une pérennité impressionnante de son (personnage de) cinéma.


Or, le cinéma d’Eastwood est vraiment réactionnaire, et ce n’est pas forcément un défaut tant qu’il ne se cherche pas d’alibi.
Kael avait parlé de fascisme féodal à propos de « L’inspecteur Harry »?
Qui n’aurait pas envie de voir cela?
Dès la suite « Magnum force », la star s’opposera à une milice d’extrême droite, histoire de bien signifier qu’Harry était au fond un good guy. Fausse route.
Il faut donc revenir à Don Siegel, ses lignes et ses courbes.
Le réalisateur du très trouble « Les proies » offre un polar rugueux aussi puissant dans ses séquences au néon nocturnes que dans celles brûlées par le soleil californien.
Jusqu’ici, je n’avais regardé les aventures de Mr Callahan que sur petit écran pan & scan en français, ce qui n’était pas la bonne méthode.
Vu sur grand écran, on se rend compte que Siegel a parfaitement conscience de filmer une star. Il fait donc son boulot d’artisan hollywoodien en créant une icône de comics book de série noir, soit Dirty Harry, justicier de l’enfer, sans justifications…

~ par 50 ans de cinéma sur 7 juillet 2018.

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