Le feu follet, 1963
Louis Malle
Alain Leroy, bourgeois trentenaire et alcoolique, est revenu à Paris afin de suivre une cure de désintoxication. Sa femme Dorothy est restée à New York. Autrefois mondain abonné aux soirées de débauche, Alain est aujourd’hui las de la vie. Les retrouvailles successives avec ses amis d’antan ne l’aident en rien.
1963: on s’imagine facilement à Paris croiser Miles Davis au bras de Juliette Greco dans un club de Jazz enfumé. L’image s’est muée en cliché, peut-être à cause d’un film de Louis Malle, justement…
Comme pour inverser le stéréotype créé par « Ascenseur pour l’échafaud », il semble que le cinéaste ait choisi de réaliser un film jazz, option viscérale. La série noire sera sans crime et le héros cool n’aura nul besoin du destin pour travailler à sa propre destruction.
Maurice Ronet sort aussi de « Ascenseur pour l’échafaud », mais, pour lui, l’inversion du cliché tient peut-être du destin. Belle gueule et charisme élégant, il était ami avec celui qui prendra sa place dans l’Olympe, à l’époque où le cinéma français comprenait le mot star. Pas rancunier, Ronet a souvent accompagné l’autre félin, Alain Delon, dans ses aventures.
Cette année, il tient sa revanche en même temps que sa chute. Il joue son plus beau rôle, celui d’un garçon brillant, de ceux à qui l’on promet les plus beaux avenirs, ou plutôt à qui l’on promettait. Un beau gosse qui contemple les premiers instants de sa laideur. Un homme puissant et vide, qui a décidé de combler ce vide en comptant les verres, jusqu’au dernier, celui du condamné.