Mobile homes, 2018
Vladimir de Fontenay
Ali et Evan sillonnent les routes entre les Etats-Unis et le Canada. Ils utilisent Bone, le fils d’Ali, âgé de huit ans, dans leurs trafics. Le jeune couple vit de plus en plus dangereusement. Tous rêvent pourtant d’un refuge, d’un foyer, mais leur fuite inexorable les entraîne sur un chemin qu’ils n’avaient pas prévu…
Il va falloir s’habituer à voir bouger quelques lignes dans le road movie criminel.
Si, à première vue, « Mobile homes » parcours les routes balisées de la série noire sociale avec motels pourris et romance white trash de rigueur, le film de Vladimir De Fontenay saura prendre de salvateurs chemins de traverse.
Tout d’abord, le Canada a remplacé la route 66 dans le coeur des cinéastes indépendants qui font des forêts de conifères et des aurores boréales un choix esthétique entre rudesse et trouées psychédéliques (leurs producteurs étant plus probablement séduits par les crédits d’impôts du pays à la feuille d’érable).
Ensuite, ces mêmes cinéaste (de Jeremy Saulnier à Anders Walter en passant par la vieille icône Terrence Malick) ont jeté leur dévolu sur Imogen Poots comme nouvelle muse arty.
Et grand bien leur en a pris!
Prenant la relève d’une Chloë Sevigny ou d’une Greta Gerwig, elle irradie en adolescente attardée qui se demande si son destin est plutôt celui d’une mère courage ou d’une Bonnie Parker.
Cette dualité trouve une représentation idéale dans les maison roulantes du titre. A la fois cocons protecteurs et objets maniéristes subissant toutes les fureurs des laissés pour compte qui ne pourront jamais s’installer dans leur home.
De Fontenay trouve ainsi de belles idées graphiques à travers ces préfabriqués qui ressemblent déjà à des décors de cinéma.
Les murs de plastique seront troués et noyés, à l’image d’une structure familiale brisée.
Il faudra néanmoins s’habituer à des changements de lignes : désormais, les desperados terribles seront mère et fils…