Les yeux sans visage, 1960
Georges Franju
Le chirurgien Genessier souhaite remodeler le visage de sa fille Christiane, rendue méconnaissable suite à un accident de voiture, mais pour cela il doit effectuer des greffes de peau qu’il aura prélevée sur des jeunes filles.
La couronne est un peu lourde, et on rêverait de lui trouver quelques rivaux, mais la vérité oblige à reconnaître que «Les yeux sans visage» est le chef d’oeuvre du cinéma d’horreur français.
Le fait qu’il le soit beaucoup par défaut ne doit pas minimiser ses immenses qualités.
Il serait tentant de le mesurer aux cinématographies anglo saxonnes ou italiennes, ce qui n’a finalement pas grand sens.
Car «Les yeux sans visage» est autant un grand film d’horreur qu’un grand film français. D’ailleurs, si c’est un grand film d’horreur, c’est aussi parce que c’est un grand film français.
La campagne flaubertienne, la 2 CV, Pierre Brasseur, sa voix sa barbe… tous ces éléments familiers, peu susceptibles d’inspirer la terreur, se mêlent comme un voile morbide sur l’écran. Le cinéaste ne les travestie pas, il en use comme des évidences.
La Citroën populaire se fait corbillard, dans la campagne personne ne vous entend crier et l’humanité rugueuse de Brasseur est bouleversante autant qu’implacable.
Georges Franju semble directement se référer au dialogue de «La règle du jeu» qui nous rappelait que le plus effrayant en ce monde est que chacun a ses raisons.
Ca fait bien longtemps que j’ambitionne de voir ce film, et ton article ne fait que me conforter dans cette idée 🙂