Un fauteuil pour deux, 1983
Trading places
John Landis
Du haut de leur vénérable building de Manhattan, 2 vieux messieurs très riches, se défient dans un pari quasi philosophique : Louis Winthorpe III, brillant trader peut-il échanger sa vie avec celle de Billy Ray Valentine, combinard fauché du Bronx?
Les parieurs cruels sont incarnés par Ralph Bellamy et Don Ameche, les regards malicieux de Leo Mc Carey et Ernst Lubitsch planent donc sur ce 6e long métrage de John Landis. Et comme il est très réussi, ajoutons y carrément l’esprit de Mark Twain, lequel se verrait gentiment chahuté par les cancres du Saturday Night Live.
Tout cela est fort bien écrit (Thimothy Harris et Herschel Weingrod) et génialement interprété.
Cinéphile et télévore, Landis accompagne une génération de comiques nés dans les cabarets ou dans la célèbre émission de NBC. Eddie Murphy et Dan Aykroyd y sont à leur zénith, déjà célèbres (succès de « 48h heures » pour le premier, des « Blues brothers » pour le second) mais encore cool avant de passer en mode méga star l’année suivante (triomphes du « Flic de Beverly Hills » pour Murphy, de « Ghostbusters » pour Aykroyd).
Cette association de star system et de sensibilité d’auteur joue beaucoup dans le charme du présent métrage, lequel permet également une partition subtile à Jamie Lee Curtis en prostituée au grand coeur qui ne se laisse pas avoir.
John Landis poursuit son odyssée pop, sans pour autant éviter de regarder le monde qui l’entoure. En effet, la crise des années 80 et ceux que l’on appelait alors les nouveaux pauvres auront rarement trouvé des représentations aussi généreuses dans le cinéma américain.
Il y a aussi du Capra ici, avec des clochards qui deviennent milliardaires et des wonder boys qui se réveillent dans le ghetto, un Capra acidulé qui, pour peu, aurait pu imaginer l’arrivée d’un autre milliardaire au pouvoir suprême.