Le syndicat du crime II, 1987

Yinghung bunsik 2 / A better tomorrow part 2

John Woo

C’était l’été 1992, tout est arrivé d’un coup : une dizaine de films, des articles de presses en pagaille. Avec retard, les français découvraient que l’avenir se situaient dans un minuscule pays, réduit à une ville, laquelle ne s’appartiendrait plus vraiment dans 5 ans.
Pour quelqu’un qui aimait le cinéma, de genre ou non, cela se passait à Hongkong.
Les super cinéphiles s’y sont exilés (Julien Carbon et Laurent Courtiaud de MadMovies), ou ont créé des collections vidéos (Christophe Gans avec HK vidéos, Jean-Pierre Dionnet avec Asian stars).
Même en province, nos cinéclubs ont diffusé «Jiang-Hu» de Ronny Yu ou les «Histoires de fantômes chinois» produites par Tsui Hark.
Mais surtout, il y avait John Woo.
Mêmes les américains s’y mettaient, de Joel Silver avouant ses inspirations pour les «Armes fatales» jusqu’à Scorsese s’extasiant sur le montage de «The killer».
Ledit John Woo nous flattait en citant Sergio Leone, Sam Peckinpah, Jean-Pierre Melville et… Martin Scorsese dans toutes ses interviews.
A l’été 92 donc, furent distribués les deux «Syndicats du crime», «Une balle dans la tête» puis «Hard boiled» (le seul film raccord avec l’année). Le très admiré «The killer» attendrait quelques mois, dans la foulée, le cinéaste intégrerait Hollywood. On ne découvrirait qu’ensuite ses premiers opus, aventures héroïques plus classiques.
Ce cinéma représente vraiment une époque : celle où Hongkong attendait la rétrocession de 1997 à la Chine, celle des larges galettes dorées du laserdisc (les collectionneurs regardent toujours ces films sur ce support), celle où le génial Tsui Hark produisait ce qui se faisait de plus excitant dans le cinéma geek.
J’avais, personnellement, conservé une certaine distance avec le phénomène.
Pour moi, l’apothéose du cinéma de genre se situait plutôt dans les arabesques de «Il était une fois en Chine», réalisées par Hark (et le bientôt matrixé Yuen Woo-Ping).


Le dolorisme sulpicien de Woo m’a toujours rendu méfiant. Dans les années 80, lorsque Paul Verhoeven ou John McTiernan accompagnaient leur films en promotion, ils se sentaient obligés de préciser qu’ils détestaient la violence et que c’est cette haine qui les amenait à la représenter dans toute son horreur. John Woo semblait en rajouter encore, à l’intérieur même de ses oeuvres.
Leur naïveté confondante, les larmes et les ralentis entre 2 carnages m’agacent profondément. Le pire est atteint avec «Une balle dans la tête», mélodrame gore qui rejoue «Voyage au bout de l’enfer» avec beaucoup de complaisance tout en faisant des manières.
Au début des années 90, 2 films partageaient beaucoup moralement dans leur portrait de tueurs sanguinaires mais gentils : «The killer» de John Woo et «Léon» de Luc Besson.
Les fans du premier méprisent le second, ce qui me semble louche.
L’idée, n’est pas, ici, de minimiser les qualités plastiques des longs métrages du hongkongais. Sa maestria dans la chorégraphe de la violence est pratiquement sans égal. Mais, justement, je préfère l’entendre évoquer son inspiration dans les comédies musicales hollywoodiennes que pleurer sur l’horreur du monde, de même que je ne revisite ses films que via leur représentation de l’Apocalypse et jamais par leur versant romances à 2 sous.
Ok pour les films d’action pure, «Hard boiled» plutôt que «The killer», et «Le syndicat du crime 2» plutôt que le «Syndicat du crime».
Plus qu’une suite, «Le syndicat du crime 2» est un reboot, un remake rechargé.
Le premier épisode suivait la rivalité de 2 frères, un flic et un gangster, ce dernier entretenant une relation fraternelle avec un autre mafieux. A l’écran, naissaient les 2 bombes de charisme Chow Yun-Fat et Leslie Cheung qui donnaient la réplique à la légende de la Shaw Brothers, Ti Lung.
La suite propose une variation : le bandit incarné par Cheung joue les infiltrés pour la police.
Là n’est pas l’essentiel. Dans cette suite, Woo crée du cinéma, par la grâce de mouvements de caméra sensuels, d’hyper violence et d’héritage bien digéré.
Si, dans le premier film, ravissait le clin d’oeil à Melville et son «Deuxième souffle» dans la séquences dite des pots de fleurs, la suite se mesure directement à la «Horde sauvage» par un massacre final dantesque qui laisse ses héros épuisés mais repus, tout comme le spectateur qui ne demandait pas d’excuse pour trouver un exutoire à ses pulsions.

~ par 50 ans de cinéma sur 20 janvier 2018.

Une Réponse to “Le syndicat du crime II, 1987”

  1. Gunfight Vs Crytears
    Fight !

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