L’état des choses, 1982
Der stand der dinge
Wim Wenders
Au Portugal, dans un hôtel dévasté par une tempête, une équipe de cinéma tourne The Survivors, le remake d’un film de science-fiction des années cinquante. Mais le producteur disparaît soudain sans laisser d’argent, et le tournage doit être arrêté. La consternation fait place au desoeuvrement, puis a l’attente…
Le film dans le film est un exercice ingrat et infiniment périlleux. Peu d’artistes en sortent indemne. La mis en abîme est une discipline dangereuse qui menace constamment de perdre dans les méandres du nombrilisme ou de dévoiler une panne d’inspiration cruelle.Wim Wenders réussit pourtant l’un de ses plus beaux films grâce à une mise en abîme.
Défi ultime, il s’agit d’une histoire de tournage avorté. Image superbe et musique fascinante (le toujours précieux Jürgen Knieper) créent l’écrin de cette réussite.
Mais, revoir « L’état des choses » permet surtout de comprendre que Wenders était le réalisateur parfait pour le désert, mental ou physique.
Il s’y perdra dans quelques années et la grâce de ses premiers films s’effacera, alors, inexorablement. Mais jusqu’à « Until the end of the world », il saura filmer comme personne la vacuité des paysages américains et interroger l’esprit de ses grands maîtres.