La proie du mort, 1941
Rage in heaven
WS Van Dyke II
La cinéphilie nous offre de drôles de détours. Comme d’imaginer que le dernier plan de «La proie du mort» qui voit Ingrid Bergman convoler avec George Sanders dans un happy end, introduit leur futur «Voyage en Italie» dont on connaît les conséquences sentimentales.
Cette hypothèse nous permet de relever l’intensité d’un final quelque peu en deçà de ce qui avait précédé.
Si le glamour est pris en charge par le duo Bergman /Sanders, le film appartient en réalité au plus modeste Robert Montgomery. Il incarne avec une onctuosité idéale un homme qui a tenté de se suicider (pour voir ce que les gens diront après sa mort), et construit le reste de sa vie à concrétiser ses fantasmes paranoïaques en attisant la révolte des ouvriers de son usine et en jetant sa femme dans les bras de son meilleur ami qu’il admire (et désire ?).
Les considérations sur l’amour relèvent du précis de séduction cruel et l’on se croirait parfois dans une adaptation gothique de Pinter.
Sur la forme, l’artisan Van Dyke II joue l’efficacité sans négliger le trouble : film américain se déroulant en Angleterre, héros refoulé vivant auprès de sa mère, Ingrid Bergman en sainte martyrisée… la cinéphilie nous souffle qu’Hitchcock n’a eu qu’à se baisser…