Nada, 1974

Claude Chabrol


Fan du cinéma bis italien, j’ai été progressivement gagné par le scepticisme devant le fétichisme qu’il a généré dans la génération DVD.
Si l’on peut apprécier les lumières troubles des plus obscurs giallis (ce qui est mon cas), il devient difficile de soutenir qu’Umberto Lenzi est un grand cinéaste ou que toutes les performances de Tomas Milian valent sa prestation en Cucilio…
Au fond, le périmètre accueillant chefs d’oeuvres et génies est assez rapidement circonscrit : les réalisateurs prénommés Sergio pour le western, le trio Bava / Argento / Fulci pour l’horreur, Tinto Brass chez les érotomanes, et puis Antonio Margheriti et Giulio Questi, cinéastes transgenres.
2 genres emblématiques me semblent même sinistrés. Si je confesse ne rien connaître au péplum transalpin à l’exception de quelques séries Z qui ne lui font pas honneur (que l’on compte ou pas le sous genre post nuke); le polar rital si souvent vanté me semble cruellement manquer de personnalités singulières. Comme un aveu, la canonisation tardive d’un honnête artisan comme Fernando Di Leo cache une forêt bien clairsemée. On remerciera Francesco Rosi tout en étant à la limite du hors sujet et on s’inclinera devant le «Revolver» de Sergio Solima.
Dans ce film, Fabio Testi montre qu’il avait l’étoffe d’un Delon période Melville/Clément. D’ailleurs, en 1974, il intégra le casting de ce qui, pour moi, constitue l’autre super polar italien: «Nada» de Claude Chabrol.

Un titre en espagnole, un réalisateur facilement cantonné à l’observation de la France profonde, et pourtant… Ambiance poisseuse, violence sadique, revendications politiques, confusion idéologique et nihilisme punk innervent ce Chabrol des mid 70’s.
Le secret, c’est que «Nada» est aussi un western (italien, évidemment).
Un groupe d’anarchiste tente d’enlever l’ambassadeur des Etats Unis, sujet typiquement des westerns révolutionnaires qui fut écrit à l’origine par Jean-Patrick Manchette, écrivain lui-même très zappatiste.
La rencontre entre le terroriste Testi et le policier Michel Aumont scelle le pacte entre le lyrisme latin (regards torves et gunfights enfumés) avec un esprit intello français (Maurice Garrel discourant sur la Révolution).
La bande se cachera dans une ferme isolée qui deviendra son Alamo, au rythme des raids policiers, des désillusions morales et de la tension sexuelle.
Lou Castel apparaît dans le gang, comme échappé de «El Chuncho» et le personnage de Testi se prénomme Buenaventura histoire de bien préciser les choses.

~ par 50 ans de cinéma sur 24 avril 2017.

Une Réponse to “Nada, 1974”

  1. Quelle culture cinématographique !…

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