Identification d’une femme, 1982

Identificazione di una donna

Michelangelo Antonionni

J’ai ressenti une légère gène en découvrant « Le périlleux enchaînement des choses », le segment réalisé par Antonionni pour l’anthologie « Eros ». Roman photo, incommunicabilité du couple, évanescence du désir… il faudra le revoir. D’autant qu’un sentiment similaire m’avait saisi à la vision de « Identification d’une femme », avec ses draps blancs soulevés par la musique d’OMD. Il faut dire qu’à l’époque une banque française s’était emparée du même morceau du groupe de new wave, cela n’avait pas aidé…
Toutefois, la beauté androgyne de Christine Boisson et Tomas Milian, découvert après une plongée dans le western européen, m’ont persuadé de réévaluer le Antonionni des années 80. Et puis, Orchestral Manoeuvre in the Dark c’est quand même obsédant.
Un cinéaste confronté à la page blanche rencontre une énigmatique aristocrate, leur liaison influencera sa création.
Le maître aborde l’oeuvre de la maturité comme un genre, avec ce film profond, autoportrait à peine déguisé, et ses méandres antonionniens en diable.

Tomas Milian caresse les coquillages et les tableaux, comme déjà nostalgique d’un amour pas encore rencontré. Lors d’une séquence en apesanteur (mais pas dénuée d’angoisse), la femme aimée disparaît dans le brouillard, en prélude à une nouvelle aventure pour l’artiste torturé.
Film bilan, mais le cinéaste reste curieux de ses contemporains et poursuit l’étrange parallélisme entre sa filmographie et celle de Dario Argento qui filmait, au même moment, une histoire d’écrivain torturé et de femme disparue, sous des lumières blanches et sur une musique électronique froide.
Les ruelles de Turin mènent le héros sur la place où David Hemmings entrevoyait le mal dans « Profondo Rosso ». De même, le jeu de surveillance d’un mari jaloux que l’on ne verra jamais, ainsi qu’un tropisme pour les maisons remplies de miroirs, achèvent de rapprocher « Identification d’une femme » du giallo.
Pourtant, Michelangelo Antonionni a peu de goût pour l’horreur. Le personnage de Millian est père d’un petit garçon fasciné par les space opéras. Dans le final le plus émouvant de sa carrière, le cinéaste s’abandonne alors à une rêverie mélancolique durant laquelle sa caméra embrasse le cosmos à travers un plan de science fiction naïf.

~ par 50 ans de cinéma sur 30 mars 2017.

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