Le barbare et la geisha, 1958
The barbarian and the geisha
John Huston
John Wayne incarne le premier consul américain au Japon, ce qui est à la fois très décalé et très logique.
Comme le titre l’indique, il tombera amoureux d’une geisha et comme on peut le supposer, c’est un héros : il se bagarre comme un cowboy, anéantit une épidémie de choléra, se montre très cool avec les enfants et convertira l’empereur aux joies du capitalisme (sa véritable mission).
Le scénario mène habilement romance multi-ethnique et aventure coloniale, avec un fond de messianisme démocrate (Wayne déplore l’esclavage reproché par les japonais mais condamne les cruelles coutumes nippones). C’est dire si ce film, entièrement tourné au Japon – et plutôt bien documenté – est américain dans l’âme. C’est dire si la star de « Stagecoach » est encombrante et pourtant indispensable.
Etait-ce un film de commande pour Huston? Toujours est-il que le cinéaste a choisi de s’amuser de ces contraintes.
Wayne se cogne aux encadrements de portes, trop bas pour lui et se fait humilier par un gringalet adepte du judo. Parallèlement, sa grande carcasse et ce qu’elle incarne permet des séquences improbables comme celle où il protège un bateau yankee en opposant son large dos à un canon belliqueux. Si la structure du récit rappelle certains westerns pacifistes comme « La flèche brisée », et qu’on imaginerait volontiers James Stewart dans le rôle du consul, reconnaissons que les séquences too much ne peuvent tenir que sur les épaules du duke.
Toutefois, quelque chose de plus mystérieux se joue ici. La geisha apprendra l’anglais tandis que le barbare se contentera de répéter arigato lorsqu’on lui sert du saké.
A première vue, l’impérialisme américain impose sa loi. Toutefois, la caméra de John Huston est trop fascinée par les possibilités graphique qu’offrent les décors et costumes japonais, un pays dont la culture millénaire (et profondément isolationniste, ce que tente de combattre le consul) a toujours fasciné les occidentaux, en particulier les cinéastes, amateurs de rituels s’il en est.
Le barbare quittera l’île sans la geisha, en s’étant à peine aperçu qu’elle lui avait sauvé la vie.
L’américain quitte le pays du soleil levant sans y avoir rien compris.
~ par 50 ans de cinéma sur 3 décembre 2016.
Publié dans 1950's, 1958, Américain, Aventure
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