L’odyssée de l’African Queen, 1951
The African Queen
John Huston
L’image est si forte que l’on est quelque peu déboussolé en découvrant le film.
Sur l’affiche, Humphrey Bogart et Katharine Hepburn remorquent un bateau dans un marécage, de la vase jusqu’à la ceinture, le reste du corps exposé aux moustiques. L’aventure et la douleur, comme une autre star, Ingrid Bergman, qui avait souffert pour la beauté de l’art chez Rossellini.
« African Queen » a plutôt l’allure d’un marivaudage théâtral en forme de duel de stars sur un bateau. Mais les stars sont Bogart et Hepburn ; et John Huston les filme.
Chabrol rappelait que, contrairement à ses imitateurs, Huston n’avait pas besoin d’artifices pour être un aventurier. Clint Eastwood confirmera dans l’hommage ambigu qu’il lui consacrera avec « Chasseur blanc, cœur noir ».
Il ne faut donc pas plus au cinéaste qu’un bateau et une histoire de marivaudage pour emmener ses 2 stars à l’aventure.
Lorsque finalement, il leur imposera vers la fin du métrage de descendre du pont pour s’enfoncer dans les marigots, Hepburn et Bogart semblent découvrir le néoréalisme… et le cinéma hollywoodien se fait pieta.