Que le spectacle commence, 1979

All that jazz

Bob Fosse

35235-que-le-spectacle-commence-1

La séquence carrousel, c’est cette poignée de plans qui permettent de saisir le quotidien d’un personnage et d’en comprendre la psychologie. Des gestes répétés, montés cut sur une musique entraînante et l’on comprend l’ennui d’un salarié, les rituels d’un religieux, la servitude, l’addiction… Bien utilisée, la séquence carrousel montre un léger dérèglement dans sa propre horlogerie, une évolution.
Par exemple, Roy Scheider se relevant tous les matins d’une cuite carabinée, prenant un douche, avalant des comprimés et s’exclamant devant son miroir It’s show time folks! sur un air de Vivaldi.
Toutefois, c’est à un film carrousel auquel nous avons affaire.
Bob Fosse, chorégraphe avant d’être cinéaste, imagine un autoportrait morbide à travers un cinéaste chorégraphe, buveur et séducteur, discutant avec Jessica Lange en représentante de l’au-delà.
Ce pourrait être parfaitement complaisant si Fosse n’imposait pas un sens du rythme impressionnant. «Que le spectacle commence» s’inscrit dans une tradition à la fois cinématographique et télévisuelle. On pense à Minelli dans cette histoire d’artiste qui tente un dernier tour de piste avant le grand départ, mais on peut aussi se rapprocher de nombreux polars ou western car malgré un grimage queer en diable, Scheider tient bien son Gary Cooper.
En même temps, 1979, c’est déjà l’avènement de la télévision des années 80 avec les costards de «Dallas» et les brushings de «L’amour du risque».
Le film de Bob Fosse en tire de multiples sources d’énergie, à la fois hommage aux classiques et soap addictif.
Malgré sa note de fond crépusculaire, le spectacle est euphorisant, le cinéaste ayant manifestement décidé de s’amuser avec tout ce qui s’offre à lui.
On songe à Wim Wenders qui tentait d’embarquer Nicholas Ray dans un nouveau film depuis son lit de mort; à Godard lorsqu’il demandait à Coppola de passer une journée à utiliser les grues et travellings derniers cris de Zoetrope; à Scorsese expliquant qu’il n’avait tourné «New-York, New-York» que pour y placer 10 minutes de pure comédie musicale.
A l’instar de la scène délicieuse où la maîtresse et la fille du personnage principal lui jouent une comédie musicale amateur pour son anniversaire, «All that jazz» est marqué du sceau de la fantaisie et de la générosité. Tout le monde pleure Joe mais personne ne s’abandonne aux bilans amers.
That’s show time folks!

getImage

~ par 50 ans de cinéma sur 26 mai 2016.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

 
%d blogueurs aiment cette page :