La bête humaine, 1938
Jean Renoir
Où l’on répètera que Renoir atteint l’universel à force de viser l’intime.
L’univers, c’est une locomotive, bien sûr, mais c’est surtout la gueule de Jean Gabin. La moindre cerne devient un paysage comme en aurait rêvé John Ford.
Gabin est beau. D’autant plus beau quand il est simple, jamais aussi gracieux que lorsqu’il ne fait presque rien, boire un coup, se raser, prendre un gamin dans ses bras…
Le cinéaste a bien compris qu’il dispose ici d’une matière cinématographique exceptionnelle (et romanesque bien entendu, rendons à Zola…). Il filme un homme et une machine, Gabin et les gestes du travail, Lantier et sa Lison. C’est donc du cinéma et même de la politique.
Les perspectives de l’Histoire donnent au geste un aspect troublant si l’on songe que de l’autre côté du Rhin d’autres cinéastes tentaient, eux, de filmer des dieux plutôt que des hommes…