Les assassins sont parmi nous, 1946
Die mörder sind unter uns
Wolfgang Staudte
En 1945, la DEFA remplace la UFA et Babelsberg devient le symbole d’une nouvelle Allemagne. Les studios de Postdam passent d’un régime à un autre : après Goebbels qui menaçait de sortir son revolver à l’évocation du mot culture, la Babylone de Mittel Europa qui avait vu naître Metropolis passe sous le contrôle du Komintern.
Elle peinera à retrouver le lustre des années Murnau / Lang, définitivement effacées par le nazisme.
Toutefois, la ville cinéma jouera son rôle dans la reconstruction du pays, notamment en accueillant les tournages de films antifascistes prisés par les autorités de Moscou.
«Les assassins sont parmi nous» en constitue l’un des plus bel exemple. C’est un film à message, mais pas propagandiste, une oeuvre proches des hommes mais pas dépourvue de puissance formelle.
En faisant se croiser un médecin alcoolique, une rescapée des camps et son ancien bourreau, Wolfgang Staudte reprend les choses avant la direction Goebbels, à l’époque où les humbles destins du Kammerspiel remplaçaient les dieux de l’expressionnisme. Dans ce geste, il rejoint parfois les grands maîtres et bouleverse alors la manière dont il reconnaît que les monstres des premiers relevaient de la prescience tandis que les siens appartiennent à la mémoire.