Le territoire des morts, 2005
Land of the dead
George A. Romero
Il est revenu et il a vaincu ! Alors que l’on craignait les compromissions honteuses (film de studio) ou le radotage gênant (souvenir embarrassé d’un blême « Jour des morts-vivants »), le grand George nous prend à la gorge et fait couler quelques gouttes de sueur glacée entre nos omoplates. Une sueur délicieuse dont on avait failli oublier le goût. Pauvres mortels qui avaient ainsi rangé au placard des vieilles gloires poussiéreuses l’un des plus attachants outlaw d’Hollywood.
Les zombies n’ont décidément pas assez de place en enfer et reviennent réclamer leur dû aux humains. Leur retour s’effectue dans un monde cybernétique où les tours de verre surplombent les bidonvilles et où des milliardaires mafieux assoient leur domination à l’aide d’armées de mercenaires.
Comme ses morts-vivants, Romero n’est pas content et il nous le fait savoir avec des scènes de guérilla Carpenteriennes, du gore vintage, un camion à la Mad Max, Asia Argento en amazone nuke et Dennis Hopper en méchant de carnaval.
Alors qu’un autre George se noie dans les images de synthèse et des circonvolutions politiques entre les Jedi et les Sith, Romero se sert dans un attirail de bric et de broc et fait appel aux copains pour un pamphlet radical et joyeux.
Au milieu de la présidence Bush jr et du scandale Blackwater, la réplique d’Hollywood provient de ses entrailles. Comme «Hostel» pour Guantanamo, «Land of the dead» cristallise les angoisses post 11/09 et nous en renvoie le reflet (à peine) déformé.
Le sous titre, «Le territoire des morts», est à entendre sérieusement, la question est bien de trouver sa place face aux autres peuples.
Aux débats télévisés de la France bien pensante, il est assez réjouissant d’opposer une série B qui allie intelligence et bestialité. Le chef d’œuvre furieux d’un maître apaisé.
Et sans doute aussi une pièce importante pour les futurs historiens qui chercheront à comprendre l’humanité au début du 21e siècle.