Au pays des ballons, 1935
Balloon land
Ub Iwerks
On ne cesse de se perdre face aux vertus prophétiques du cinéma… avec un retard qui ne peut que rendre hasardeuses lesdites vertus.
Tout de même, un trouble indéniable nous saisi à la vision de ce dessin animé.
Ce conte charmant, imaginé la le créateur de la grenouilles Flip, s’ouvre dans le monde enchanteur de personnages entièrement composés de baudruches. Ils en ont les couleurs chatoyantes, la légèreté aérienne et la texture ludique. Charmant vraiment.
Mais ce monde doux se voit soudain menacé par un personnage d’une toute autre forme, sombre, sec et lourd : une aiguille.
Le film évolue alors vers l’effroi pur. Le clip pop au psychédélisme gentil se fait cauchemar phobique.
Des formes rondes menacées par une pointe, la métaphore sexuelle est entendue. Mais il est possible de voir également le désarroi des hommes de bonnes volontés face à une violence qui emporte tout.
Le court métrage se termine bien, évidemment. Mais ses dernières images restent empruntes de tristesse : plus rien ne sera comme avant. Notre conscience est désormais ombragée du souvenir que c’est possible. Une simple épine peut créer des douleurs infinies et comme les bacilles de la peste chez Camus, impossible de savoir si d’autres épingles ne restent pas cachées au pays des ballons.