Django unchained, 2013
Quentin Tarantino
Dans un passé incertain, Jean-Luc Godard se rappelait que le mot caméra était aussi connu que le mot pain. Il déplorait alors que ce ne fusse plus le cas.
Devant le triomphe mondial d’un film aussi référentiel et ciné fantasmatique que «Django unchained», on peut se demander si Quentin Tarantino n’est pas en train d’offrir une nouvelle popularité au mot caméra.
Le cinéaste maîtrise son flow comme jamais en multipliant les hommages comme les déviances tout en réalisant un western grand genre. Le romantisme allemand innerve le bis italien et chacun prend chair à l’écran: Christopher Waltz et un terrifiant cour de phrénologie pour le premier, Franco Nero et le sang qui semble jaillir des flingues pour le second.
Ce syncrétisme semble toucher les foules comme les intellectuels.
Au delà de la maestria pop et de la richesse cinéphilique, on se gardera de ne pas prendre au sérieux le contenu historique et même politique du métrage.
De même que ses basterds plongeaient les mains dans la boue de la seconde guerre mondiale, les cowboys noirs de Tarantino s’emparent du western spaghetti pour le transformer en sabbat vaudou. C’est à dire les rituels utilisés par les esclaves pour transcender l’horreur de leur condition.
Autour des fantômes de Corbucci, Django se déchaîne et atteint la transe chez Tarantino.