Raging Bull, 1980
Martin Scorsese
Je n’ai jamais écrit sur «Citizen Kane». Trop intimidant. A chaque fois que j’ai essayé, je me suis retrouvé à remercier Wells pour l’intégralité du cinéma américain en général et pour une séquence des Simpsons en particulier, celle où Mr Burns se lance dans un spectacle en son propre honneur.
Cette introduction pour signifier que «Raging Bull» appartient à la même catégorie, celle des monuments. Pas une année sans que le 10e film de Scorsese ne soit cité par d’éminents critiques parmi les meilleurs films jamais tournés. Et ce n’est que justice.
Même si j’accorde une légère préférence pour les ruelles pleines de foutre et de merde de «Taxi driver», impossible de ne pas s’incliner devant le noir et blanc somptueux et la mythologie américaine en train de s’écrire. Ce film a été réalisé dans les années 40.
Lorsque Tony Soprano et Sylvio Dante entendent l’intermezzo de Cavalliera Rusticana, ils miment un match de boxe, nous ramenant à l’évidence.
Jusque dans son tournage, «Raging bull» offre du mythe. Toutefois, c’est peut-être par là que l’on retrouvera un film à hauteur d’homme. Lorsque l’on rappelle à Robert De Niro sa prise de poids pour incarner Jack La Motta en fin de carrière, l’acteur se contente souvent de répondre qu’il se sentait pourrir de l’intérieur. Et si l’on poursuit sur les personnages les plus durs qu’il ait eu à interpréter, l’acteur élimine Al Capone qui devait tout de même gérer son entreprise du crime pour conclure par le boxeur italien.
D’ailleurs, en 2013, des producteurs sans scrupules ont réuni Robert De Niro et Sylvester Stallone pour une série B de boxeurs sur le retour («Grudge match» de Peter Segal). Une drôle d’idée, car si Rocky a envahi la pop culture, les cinéphiles savent bien qui est le vrai dur à cuire !