Bellissima, 1951
Luchino Visconti
Aux ancêtres d’euros pudding Technicolor qu’il a parfois réalisé, je favoriserai les oeuvres en noir et blanc de Visconti.
Qu’il s’intéresse aux modestes en mode néoréaliste («La Terre tremble», «Rocco et ses frères») ou qu’il se laisse ensorceler par Claudia Cardinale (merveilleuse «Sandra»), il me semble que les infinies subtilités de la bichromie stimulent mieux son imaginaire comme celui de son spectateur.
C’est le cas de ce film quelque peu décalé dans la filmographie du maestro.
«Bellissima», ce pourrait être la fillette présentée à un casting par sa mère qui rêve ainsi de Cinecitta par procuration. Ce pourrait-être la jolie secrétaire qui s’est, elle aussi, rêvée un destin de star avant de travailler aux archives du studio. Mais c’est évidemment surtout Magnani.
La grande Anna emporte tour sur son passage et semble littéralement aspirer la mise en scène, lui imposant la comédie et le drame selon son bon plaisir.
C’est ainsi que Visconti, ce grand amoureux de Proust, aura réalisé une comédie italienne, avec les larmes, les cris, les fanfaronnades et coups de foudres, pas vraiment contre son gré, mais par la grâce d’une actrice pour qui le mot populaire était un emblème.