La dame du vendredi, 1940
His girl friday
Howard Hawks
Quelque chose me gène un peu dans «Les enchaînés» d’Hitchcock. Ingrid Bergman y joue merveilleusement le masochisme passionnel, mais son partenaire ne semble jamais vraiment concerné. Cary Grant, classe mais blasé, influencera sans le savoir les futurs jeunes premiers frimeurs. Que vaut un héros sans l’angoisse?
Pourtant, quelques années auparavant, Howard Hawks lui avait proposé une matrice parfaite : l’histoire d’un rédacteur en chef qui envoie son ex femme sur un reportage périlleux pour la reconquérir.
Hawks ne pensait pas psychologie (comme il le rappellera à William Friedkin dans une boutade célèbre), pour lui tout est affaire de rythme. On pourrait même dire que l’on aime ses films qu’à cet aune: les meilleurs Hawks trépident, les moins bons s’essoufflent.
Comédie ou film d’action, c’est un peu la même chose, il fallait un duo de stars capables de tenir le marathon du marivaudage tout en piquant des sprints imposés par le suspens.
«La dame du vendredi» comme tous les films d’actions américains, est un film de verbe, et comme toutes les comédies américaines, un film de corps.
Casting parfait, Rosalind Russel n’a aucune appétence pour le masochisme et maltraite l’icône Grant. Son regard traduit l’angoisse de ne pas pouvoir en placer une ou que sa grande carcasse ne soit distancées par une athlète du screwball.
Impitoyable, Hawks comte les points : aucune faiblesse tolérée, le rythme est parfait.