Les témoins, 2007
André Téchiné
Depuis quelques années, André Techiné a multiplié les aventures. Il a signé l’un de ses films les plus applaudis pour la télévision (« Les roseaux sauvages » pour la série « Tous les garçons et les filles de mon âge »), est parti au Maroc (« Loin ») s’est emparé du numérique (« Les temps qui changent »)… Manière d’affirmer sa liberté de cinéaste et de sortir du carcan Qualité française dans lequel on l’a trop souvent enfermé.
L’homme revient, cependant, régulièrement à son premier amour, un romantisme frémissant, typiquement français. Il a ainsi continué à ciseler de beaux portraits d’actrices (avec les fidèles Deneuve, Binoche et Béart) et révélé de jeunes comédiens (comme Gaspard Uliel dans « Les égarés »).
L’affiche des « Témoins » ne surprend guère : jeune beauté masculine débutante (Johan Libérau), un corps puissant d’origine orientale (Sami Bouajila), stars dans la maturité (Michel Blanc et Emmanuelle Béart), conflit/complicité fraternelle (la soeur du héros interprétée par Julie Depardieu), homosexualité, drame (les débuts du Sida).
Nous connaissons les ingrédients mais la méthode a changée. Fort des expériences décrites précédemment, Téchiné se lance dans un film de guerre fiévreux et un portrait d’époque décomplexé (un tube des Rita Mitsoukos et nous sommes dans les années 80).
Le Sida a rarement inspiré autre chose qu’un misérabilisme bien pensant au cinéma français. L’académisme et les bonnes intentions guettent, Techiné n’en a cure. Il filme, avec une fluidité virtuose, des hommes et des femmes qui vivent, s’aiment et souffrent, mais affronte également les statistiques médicales.
Au portrait générationnel, il préfère le portrait intime mais ne s’empèche jamais de faire un cinéma politique.