Faults, 2014

Riley Stearns

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A l’époque où j’envisageais de réaliser des courts métrages, je m’étais donné pour idéal d’atteindre le trouble si particulier des épisodes de «La quatrième dimension», le show créé par Rod Sterling que nous avions découvert dans l’émission «Temps X» des frères Bogdanov.

Par une malédiction que je ne m’explique toujours pas, immanquablement mes interlocuteurs se contentaient de voir dans mes histoires du Rohmer avec du gore
Le temps a passé, mais je conserve la référence à «La quatrième dimension» comme l’un de mes plus beaux compliments de spectateur.
«Faults» ne manquera pas d’inviter chaque critique à puiser dans son corpus personnel de références et l’on s’attend à entendre citer Lynch, les frères Coen, voir peut-être Vince Gilligan et son déjanté «Breaking bad».

Un ensemble plutôt flatteur donc, auquel je serait tenté d’ajouter la création de Sterling.

Mais il me semble que cette cohorte de modèles ne peut qu’écraser un film dont le charme provient en grande partie de sa légèreté.

Riley Stearns nous invite à suivre Ansel, loser typique d’un certain cinéma de genre, dont l’activité consiste à dé programmer des individus sous influence d’une secte. Evidemment, Ansel n’a rien d’un profiler télévisuel et sa seule réussite s’est soldée par le suicide de la victime qu’il a voulu sauver. Comme un acteur de série Z, le voilà réduit à hanter des conventions cheaps pour vendre son bouquin de recettes anti sectes. C’est dans un motel particulièrement minable qu’il rencontre un couple âgé lui demandant de redonner raison à leur fille, embrigadée par un groupe occulté nommé Faults.

Comme son prénom pouvait nous le laisser supposer, Ansel va faire un étrange voyage.

Evidemment, ce voyage sera essentiellement mental. Car, il est temps de louer le talent de Stearns pour nous emporter avec 6 comédiens et un décor réduit à 2 chambres.
Le cinéaste ne regarde jamais cela comme une limite mais comme un univers en constante évolution. Les 2 chambres fusionnent tout en révélant de multiples sous espaces, les sonneries de téléphones absorbent le monde extérieur, une personne visible à l’écran n’est pas forcément présente dans la scène et vice versa… ou pas.
Le casting constitue la grande force de cette série B brillante. Habitués de l’ordinaire hollywoodien ou des séries TV, les acteurs prolongent le bras du réalisateur comme si chaque froncement de sourcil avait été pensé comme un plan séquence à la dolly.
Lors de la confrontation, constamment déviée, entre Ansel et Claire, Leland Orser et Elisabeth Winstead, tous deux géniaux, rejouent le duel de «Scanners» avec une troublante douceur, pour finalement modifier l’espace, explosion que Riley Stearns n’a plus qu’à accompagner en un simple champ contre champ. Comme dans le final de «2001, l’odyssée de l’espace».

Cronenberg, Kubrick… n’étant plus à cela prêt, j’ajouterai que le dernier plan sur Leland Orser après sa traversée du miroir m’a rappelé cette historie du faux magicien dont on ne sait plus s’il est anéanti de terreur ou de plaisir après avoir été confronté au monde de l’étrange. Bon, c’était dans «Amazing stories» mais c’était presque au niveau de «La quatrième dimension»…

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~ par 50 ans de cinéma sur 6 octobre 2014.

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