La tête contre les murs, 1958
Georges Franju
Le roman de Bazin constituait une critique des institutions et l’expression sous-jacente de la colère des futurs soixante-huitards.
Le film qu’en a tiré Franju est un cercle noir, d’un pessimisme absolu. Les rebellions des années 60 sont encore loin, mais le cinéaste semble les railler par avance en déguisant l’anar Mocky en sous James Dean de banlieue. Le rebelle semble inéluctablement condamné à l’emprisonnement, à l’image d’une société où chacun recherche son propre enfermement. Pour Franju, il n’y a pas d’extérieur à l’hôpital psychiatrique.
A l’intérieur, les tâches sont bien réparties : à Paul Meurisse l’humanisme désespéré, à Pierre Brasseur le nihilisme scientifique. La mise en scène penche vers le second, notamment lorsqu’elle offre à l’acteur un monologue impitoyable sur la rationalisation de la question humaine.
Lorsque Franju filmera à nouveau Brasseur, ce sera dans «Les yeux sans visage», le film le plus terrifiant de la fiction française.