Providence, 1977
Alain Resnais
« Providence » est peut-être le film le plus drôle de Resnais. Sans doute est-ce parce que c’est aussi celui qui fait le plus peur. Anglophile affirmé, le malicieux maître réussi l’exercice périlleux du film-anglais-fait-par-un-français. Par la même occasion, il s’amuse à réaliser la série B de sa prestigieuse filmographie.
Si l’on connaît le Resnais disciple de Duras et de Robbe Grillet, on oublie parfois sa passion pour les formes d’arts populaires voir triviales. Romans de gare, bandes dessinées et ritournelles de cabaret peuplent ainsi l’imaginaire de ce cinéaste imprévisible, comme il le montrera durant la prochaine décennie, partie la plus décontractée de sa carrière.
En 77, Resnais délire son Kill Bill pudding. L’ombre de Shakespeare, l’écho de Mary Shelley et beaucoup de l’esprit Hammer pour un style improbable mais hautement séduisant : le gothique ligne claire.