Miller’s crossing, 1991
Joel & Ethan Coen
Après un détour par la comédie cartoonesque avec l’irrésistible « Arizona Junior », les frères Coen reviennent sur leur territoire gardé, le néo polar. Ils s’amusent avec les fastueux jouets mis à leur disposition (reconstitution impeccable de la prohibition), rendent hommage aux glorieux aînés (Melville en particulier) et rappellent qu’ils n’ont pas leur pareil pour sculpter l’espace dans des scénographies vertigineuses. Surtout, ils mettent définitivement en place le principe de leur oeuvre : la métaphysique du vide.
L’énigmatique Gabriel Byrne incarne-t-il un manipulateur de génie ou un lâche indécis ? Est-il le maître du jeu ou un imbécile chanceux ? Le doute quant aux motivations d’un personnage, pourtant redoutable, la vacuité sur laquelle reposent les plus grands complots sont des obsessions fécondes chez le duo.
Le cinéma des frères Coen nous aura permis de toucher cette question existentielle : le monde n’est-il pas régie par une grande bêtise ?