Europe 51, 1952
Europa 51
Roberto Rossellini
Après avoir traversé son Golgotha dans «Stromboli», Ingrid Bergman pouvait bien accéder à la sanctification.
Comme Rossellini n’est pas homme à filmer le sacré sans conséquence, le parcours d’une grande bourgeoise vers la sainteté passera par une profonde souffrance.
Toutefois, nul sadisme n’est à l’oeuvre ici, comme on pouvait le soupçonner dans «Stromboli», pas plus que le misérabilisme que l’on accole parfois au néo réalisme : le peuple vit selon ses raisons qui n’ont besoin d’aucune noblesse.
Le cinéaste conserve le regard sobre et cru qui faisait l’admiration des turbulents de la Nouvelle vague.
A travers une riche américaine confrontée à la mort de son enfant, Rossellini poursuit son exploration de l’Italie d’après guerre. Celui que Godard considérait comme un apôtre du cinéma se fait pédagogue : il emmène sa vedette dans les bidonvilles, les usines, les hôpitaux. Il ne recadre pas sur les regards des enfants ou sur les mains des ouvrières mais montre simplement la vie.
A Ingrid Bergman d’incarner le doute, l’effroi, la résignation, la révolte… comme seule une icône de cinéma pouvait le faire.