Horizons perdus, 1937
Lost Horizon
Frank Capra
You need not worry, you need not care,
You can’t go anywhere…
Shangri laaaaaa
Chantaient les Kinks
Le cinéaste du bonheur s’attaque au mythe de la paix et de la tranquillité inventé par le romancier James Hilton.
Une évidence qui avait tout de la fausse bonne idée. Au fond, que filmer à Shangri La? Le réalisateur qui permet aux anges de gagner leurs ailes ou aux modestes citoyens de plaider au sénat avait-il quelque chose à ajouter autour d’un monastère tibétain où des rescapés de guerre se confrontent à une philosophie qui les dépasse?
Si le roman de Hilton avait été adapté par Tourneur, nous aurions attendu une révélation monstrueuse. Les moines paisibles auraient révélé des penchants anthropophages…
Pour Capra, le défi est tout autre. Il ne travaille pas le mystère mais l’usure. D’habitude, ses personnages doivent gagner le bonheur. Comme dans les bons scénarii hollywoodiens, ils seront heureux à la mesure des épreuves qu’ils auront traversé.
Si le bonheur leur est donné, reste-t-il un film à faire?
Sans doute le film le plus étrange et le plus mélancolique de son auteur, le secret un peu honteux de l’industrie du rêve américain. «Horizon perdu» donc. Lorsque le mirage est atteint, les hommes comprenne qu’ils ne sont pas fait pour le bonheur. Une sourde angoisse traverse les spectateurs. La guerre qu’il fuyaient au début constitue bel et bien leur univers naturel!