Hitcher, 1986
Robert Harmon
Sortie de route pour Rutger Hauer, après, plus rien ne sera pareil.
L’aryen positif de «Soldier of orange», le punk dépravé de «Turkish delice», la voix du spleen synthétique dans «Blade runner»… ne sera bientôt plus que l’ombre de lui même, un clown de série Z, une sous star du cinéma bis dont plus personne ne compte les nanars, même au second degré, même pour les bons souvenirs.
«Hitcher» suit les chefs d’oeuvres précités et des débuts hollywoodiens honorables («Osterman weekend» de Peckinpah, «Ladyhawke» de Richard Donner). Après, l’acteur hollandais passera une dernière fois dans le cinéma d’auteur («La légende du saint buveur» d’Ermano Olmi). Suivrons «Mort ou vif», «Le sang des héros», «Vengeance aveugle» et une dévotion sans faille au cinéma de genre nul.
«Hitcher» fait donc office de transition : c’est un film de genre, mais pas nul du tout. Avec ses bagnoles en feu, son no man’s land où l’on retombe sans cesse sur ses poursuivants, ses flingues et ses cuirs, il aurait pu s’agir d’un film australien!
Rutger retrouve sa défroque d’ange de la mort, ainsi que Jennifer Jason Leigh (pas indemne de leur précédente rencontre dans le magnifique «La chair et le sang») pour un jeu de massacre fétichiste des plus réjouissants.
Pour son unique chef d’oeuvre, Robert Harmon dope un scripte de série B avec un sadisme parfait (doté d’un penchant homosexuel marqué). Le héros souffrira donc jusqu’au bout et même les plans ultimes ne nous persuaderons pas de sa victoire sur l’icône blonde.
Rutger est immortel, mais à condition, désormais, de rester une créature des enfers…