Selon la Loi, 1926
Po zakonu / Dura Lex
Lev Koulechov
Avant d’écrire ces lignes, j’ai laborieusement cherché des jeux de mots lamentables autour du cinéaste et de sa création la plus fameuse. Oui, j’ai pensé à l’affect Koulechov, les faits Koulechov ou un film sans effets…
Enfantillages pour masquer ma méconnaissance du grand cinéma soviétique et ma timidité face aux théories esthétiques qui en découlèrent.
Avant, je ne connaissait de Lev Koulechov que son expérience de montage. Du collage des plans pouvait naître la vérité, ou du moins la vérité du cinéma. Le visage de l’acteur n’exprime rien? Les spectateurs se chargeront de lui imaginer le désir, la tristesse ou la faim, selon que les plans accolés à son portrait représentent une femme nue, un cadavre ou un bol de soupe.
Pour m’exercer, en dilettante, à la discipline du montage, je saurai éternellement gré à l’expérimentateur russe d’avoir introduit une faille métaphysique dans la scission de 2 plans de cinéma.
Aujourd’hui, je connais toujours bien peu de Lev Koulechov. Néanmoins, après le théoricien, une rétrospective autour du western européen, au festival d’Amiens, m’a permis de rencontrer Koulechov le cinéaste.
Les jeux de mots s’éteignent d’eux même en repensant à ce film glacé et brûlant à la fois. Ses hypothèses formelles laissaient imaginer une certaine condescendance pour la mise en scène. Je confesse avoir été un mauvais élève.
«Selon la Loi» est un film terrible, puissant et beau. La science de son réalisateur est toute entière dévolue à l’émotion… et il est vrai qu’il était un grand scientifique!