Cabeza de Vaca, 1991
Nicolàs Echevarrià
Ce magnifique film maudit a la réputation d’être très précisément documenté sur le plan ethnologique. C’est tout à l’honneur de ses instigateurs.
Toutefois, si sa (ou ses) vision(s) laisse imaginer que James Cameron y a puisé maintes idées pour son « Avatar », c’est parce que ce voyage d’un conquistador, chez des peuplades inconnues qu’il nomme indiens, est filmé avec une fièvre identique à celle qui dévore ses personnages.
Les grandes questions du cinéma y sont reformulées à travers des scènes folles : l’homme traverse l’espace en courant comme un forcené jusqu’à s’écrouler sans même avoir fait le tour d’une flaque d’eau; le même homme aura le sentiment d’une aventure de quelques mois dans la jungle avant de retrouver les enfants qu’il avait quitté devenus hommes dans l’armée de Cortez. En effet, nous étions hypnotisés par les cris de singes et l’exubérance végétale, mais le dernier plan du film rappelle de manière fulgurante que l’Histoire se poursuit, en dehors du cinema… au delà de « La montagne magique » nous n’entendions plus gronder « La colère des dieux »…