Crash, 1996
David Cronenberg
Après les très pince sans rire « The naked lunch » et « M. Butterfly », nous avions fantasmé un retour de David Cronenberg aux divines trivialités de ses débuts. Lui-même, nous avait mis sur la voie en adaptant le roman furieux de J.G.Ballard.
« Crash » aura désappointé pas mal de monde et les plus férus du cinéaste en premier lieu. Ce maelström de violence et de déviations sexuelles est un grand film calme ! Des femmes et des hommes baisent, conduisent, parfois presque en même temps. Leurs peaux se frôlent, leurs substances s’échangent, les tôles se déchirent, les fluides s’évident… ils ne peuvent s’en lasser. Ils vivent par et pour cela, pour le regarder aussi. Chez les autres, dans les médias. Le trafic d’images reste à l’oeuvre mais, ici, les membres gonflés et les orifices déformés sont de verre et de métal. Il ne serait pas délirant d’envisager le cinéaste comme un grand mystique tant il se passionne pour des humains dont la croyance dicte la vie… et souvent la mort.
Beaucoup de sang coule dans « Crash » mais la peur a disparu et la douleur n’est qu’un état. Cronenberg poursuit ses hypothèses sur l’évolution de l’humanité. Au corps machine des écrivains cyberpunk, il réplique que la mutation a déjà commencé. Le premier accident meurtrier capté par une caméra figura la fusion cellulaire ultime. La machine comme extension du cerveau, le corps comme vestige animal avec l’image pour ciment.
Voir aussi :
Frissons, 1974
Scanners, 1980
Videodrome, 1983