Baxter, 1989
Baxter
Jérôme Boivin
Tout là-haut, au panthéon des films de trouille, trône un chien laid et cruel dont le passe-temps favori consiste à étudier les étranges animaux qui le dominent.
C’est le paradoxe de « Baxter », le monstre n’y est ni fort ni intelligent, il n’en est pas moins terrifiant.
Jérôme Boivin, cinéaste météore dont on aimerait avoir des nouvelles, filme du point de vue du clébard et déforme sensiblement la perspective en plaçant le spectateur dans une position inférieure. Malaise.
Un malaise qui ne fera que s’opacifier au fur et à mesure que le bull terrier changera de maître, finissant chez plus pervers que lui. Pourtant, le réalisateur se refuse à tout effet horrifique. Au contraire, il capte calmement d’anodines scènes de vie, parfois déchirées de drames et d’angoisses toutes humaines.
Sans forcer sur le glauque, mais en se tenant à son principe de mise en scène et en s’appuyant sur une bande son très travaillée (et la puissante musique atonale de Patrick Roffe et Mark Hillman) il parvient à franchir les barrières de l’angoisse, si redoutables au cinéma français.
Un indice, « Baxter » est l’un des films favoris de l’expert es mauvais goût, John Waters.