3h10 pour Yuma, 1957
3:10 to Yuma
Delmer Daves
La mise en scène est minérale : le ciel, la terre et 2 hommes. Entre leurs regards se joue une façon de filmer.
Laisser la plus grande part de l’image au ciel dans un horizon démesuré qui mène vers Dieu ? Ou se concentrer sur le sol, la route, les champs et capter les tourments humains ?
Pour le fermier, Van Heflin, la question ne se pose pas, s’il se retrouve dans un western, c’est que son propre terrain ne peut plus le nourrir, lui et sa famille.
Le gangster, Glenn Ford, lui, s’est posé des questions. Live for nothing or die for something ? A l’ingratitude de la Terre, il préfère l’illusion des soleils dévorant la plaine, quitte à offrir sa dépouille au désert pour seul requiem.
Fermier ou desperado ? Hollywood a inventé une passerelle entre ces 2 hommes: ce que l’on appelle un cowboy. L’homme juste mais qui sait aussi se servir de ses poings, comme résumait Serge Daney
Delmer Daves filme ainsi les tourments des petits garçons qui rêvent devant les western. Ce faisant, il crée une autre passerelle : celle qui relie la poussière des bottes laborieuses aux cieux inaccessibles du cinémascope.
Ce que l’on appelle faire oeuvre de cinéaste.