Django, 1966
Sergio Corbucci
Ca commence à s’exciter à Cinecitta ! Leone a tout brûlé, de quoi laisser la place à une relecture du western, analphabète et opportuniste comme si le langage était de nouveau à inventer. Bientôt Sergio Sollima injectera la politique contemporaine dans des figures mythiques, Giulio Questi affirmera que le Christ était un cow-boy gay et Trinita viendra finir les fayots …
Pour l’heure, c’est Sergio Corbucci qui dégaine en premier (enfin chez les post Leone). Le truculent napolitain n’est pas un styliste de la classe de son prédécesseur, loin de là. Sa filmographie pléthorique est, par endroit, franchement faisandée. Humour pachydermique, comédiens en roue libre et raccords caméra APRES l’action en sont le lot commun.
Toutefois personne ne peut retirer au père de « Django » un enthousiasme débonnaire et des intuitions géniales. Chez Corbucci, tout est fait d’expériences incongrues et de fuites rageuses. Parfait pour le western.
C’est ainsi que Django débarque dans nos vies de cinéphiles : à pied et attaché à un cercueil. Corbucci se permet un hommage et un pied de nez à Leone. D’une part, il prend acte du fait que le génial auteur d’une « poignée de dollars » n’a pas fait renaître le western mais lui a offert un enterrement de première classe. D’autre part, il caste Franco Nero, récalcitrant pour le rôle de l’homme sans nom, et qui connaîtra ici sa pénitence pour avoir laissé Clint Eastwood devenir une superstar à sa place.
« Django » donc, soit de la boue, de la fumée et du sang. Des hommes sales, lâches et cruels, les autres étant les méchants. Ici, l’Ouest n’est plus crépusculaire, il est carbonisé, infiltré par la gangrène dont seule une violence sans limite peut le purger.
Pour certains, Corbucci est le premier coupable d’une inéluctable dégénérescence du genre, voir de la culture populaire, ouvrant la voie déviante de tous les cinémas bis (les zombies de Lucio Fulci ou le sabreur Itto Ogami lui doivent beaucoup).
Le coupable ne craint pas le jugement: Django est increvable!