Gremlins, 1984
Gremlins
Joe Dante
Le père Noël se fait vieux, il s’est fait distancer par d’étranges lutins dans la course aux jouets. La sale blague ne pouvait venir que du potache lettré Joe Dante. Comme Joe Dante est un ami de John Landis, je ne répéterai pas mes remontrances.
Sorti de chez Corman où il montait les bandes annonces des productions maison à partir des éternels mêmes stock shots, Dante s’est engouffré dans le sillage d’un grand frère imposant, Steven Spielberg. Son premier succès sera un démarquage des « Dents de la mer », le très bis « Piranhas ». Pas rancunier, Spielberg lui propose un blockbuster familial, à sortir pour les fêtes. Ce sera une nouvelle fois l’occasion de mesurer le génie du créateur d’ « E.T » pour s’entourer de saboteurs ricanants.
« Gremlins » film gentil par excellence, sera finalement un grand ride dépressif. Joe Dante n’aura de cesse de placer ses références au bon mauvais goût, de donner la vedette aux vilains kobolds et de sadiser le gentil Gizmo, peluche numéro 1 à la vente, cette année là. Surtout, il se permet de laisser la girl next door du héros avouer détester Noël car son père est mort durant cette période, étouffé dans la cheminée où il s’était caché pour faire une surprise à sa fille… plombage d’ambiance total ! Il semble que Dante ait dû se battre longuement pour conserver la scène, face à des producteurs catastrophés (tu m’étonnes !).
S’il est de bon ton de glorifier Joe Dante pour de telles prouesses (le mythe très français du cinéaste infiltrant sa personnalité dans le métrage en contrebande), il me semble que la réussite de « Gremlins » provient de l’alchimie avec son producteur démiurge.
Spielberg, c’est le cinéaste de l’enfance travaillé par d’envahissantes pulsions sadiques anales. Un vrai gentil qui se rêve parfois en méchant sans pouvoir le concrétiser. Ce dilemme l’amènera dans des situations aussi étrange que produire « Poltergeist » de Tobe « Massacre à la tronçonneuse » Hooper.
Pour « Gremlins », il permet à son poulain de déployer son énergie destructrice chez Disney sans que celle-ci ne s’épuise en cours de récit (10 ans plus tard, un Dante en liberté se fera plaisir avec un « Gremlins 2 » proprement irregardable). « Gremlins » sera donc un grand conte de fée, à l’européenne, réalisant le fantasme de gothique familial qui traumatisera Tim Burton.
Bonjour,
j’adore ce film !
Pour quand Gremlins 3 ?
Amicalement
[…] Un petit texte sur le film de Dante ici : 50 ans de cinéma, Gremlins […]